Mexique

Guadalajara

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Après un bref passage à l'aéroport de Los Angeles et ses fonctionnaires de police aux sourires plus que réservés nous reprenons un avion pour le Mexique, Guadalajara, exactement.

Cette cité, capitale de l'état de Jalisco, qui se situe au centre du pays est la porte d'entrée pour les villes coloniales. Nous avions le projet de prendre un bus pour le nord du Mexique à L.A., mais les étendues de zones désertiques à traverser avant d'atteindre le centre et les villes coloniales nous a fait peur.

L'hôtel Frances où nous posons nos sacs, est un bon exemple de cette architecture, avec son patio central et ses chambres immenses aux plafonds hors d'atteinte. Malgré le bruit montant de la rue, nous passons une nuit réparatrice.

Le lendemain matin, nous renouons avec la musique sud américaine omniprésente, le brouhaha des rues, le désordre, les vieux bâtiments coloniaux, la vivacité de la langue et les klaxons. Une vie si absente en Australie. D'autant qu'il ne nous a pas fallu quitter notre chambre pour commencer à bénéficier de cette ambiance qui éclate sous nos fenêtres. Le marchand de chaussures sur lequel nous donnons diffuse de la musique à un niveau sonore destiné à supplanter le niveau sonore du vendeur de vêtements juste à côté.

Sur la Plaza de Armas, qui s'appelle "Zocalo" au Mexique, nous revoyons les cireurs de chaussures, vendeurs de ballons, de barbes à papa ou de petits jouets en plastique.

Nous retrouvons le charme des promenades au hasard des rues où il y a toujours une porte à pousser pour découvrir un patio ou une petite place silencieuse et ombragée qui surgit au détour d'une avenue bruyante. Les nombreuses églises sont toutes plus chargées les unes que les autres et les bâtiments publics sont couverts de peintures murales de José Orozco, natif local dont la fresque du palais du gouvernement représente Miguel Hidalgo, prêtre insurgé, qui éclaire les ténèbres de l'histoire. Sont mis en lumière les grands fléaux du 20ème siècle : le nazisme, le communisme, le fascisme espagnol et, sous les traits d'évêques catholiques, l'intégrisme religieux...

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La nourriture passe obligatoirement par les galettes de maïs, servies sous toutes les formes. Premier trait de la cuisine mexicaine. Sur la table en début de repas, se trouve un petit bol contenant des sauces relevées au "chile" (piment). C'est le deuxième trait de la cuisine mexicaine, souvent trait de feu dans la gorge.

Autre caractéristique, les "frijoles", purée d'haricots noirs servie comme légume. Un intérêt des frijoles est de calmer le feu du piment quand il est trop violent !

Beaucoup d'excellentes bières également, dont la Bohémia, la Sol, l'Estrella, la Negra Modelo ou même la Corona !...

La période est aux marchés de Noël qui vendent tout ce qu'il faut pour faire une crèche digne de ce nom. Des rangées de Marie, des armées de Joseph, des centaines de Jésus de toutes les tailles, jusqu'à 50 cm, des boeufs, des ânes, des moutons, des diables rouges, de la mousse, des guirlandes qui clignotent et qui font de la musique, des décors dessinés avec étoiles et montagnes...

C'est du sérieux ! Et ça marche !

On s'attendrait presque à trouver des cabines d'essayages pour coordonner les couleurs des couches du petit avec les sandalettes du père "présumé" (c'est une sombre histoire : la mère, vierge, aurait eu des relations sexuelles avec un esprit et pas avec Joseph...).

Beaucoup de monde donc dans une ambiance plus acheteuse que dévote. Le dimanche, énorme foule dans les rues. Nous sommes le 18 décembre soit juste une semaine avant Noël. Les boutiques de jouets, dans lesquelles se pressent les parents avec leurs enfants, proposent des jouets "utiles", vélos, camions, poupées... Rien qui soit à base d'électronique ou qui ne serve à rien.

Nous déjeunons vers 15h30 dans une cantine populaire qui nous sert des tacos délicieux. Les tacos sont des petits morceaux de viande hachée cuits sur une plaque chaude avec des oignons et servis sur des petites galettes de maïs d'une quinzaine de centimètres de diamètre. On rajoute de l'oignon, du persil, du citron vert, une sauce au piment et on roule le tout pour déguster. Si on le tient mal, c'est la chemise qui déguste ! La viande peut être du "bistek", du chorizo, de la tête, cuite "al pastor" (au gril avec des condiments) ou ce peuvent être des tripes.

Dans tout les cas, c'est délicieux.

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Le centre de Guadalajara est la cathédrale qui est elle-même à la croisée de quatre places dont un des angles est un angle de la cathédrale. Chaque place a son style, la plus belle étant la plaza de Armas qui se termine par le très joli théâtre Delgado.

Sur cette place, très animée, se trouve une crèche géante en plein air. Tous les protagonistes sont là une semaine avant Noël, sauf les rois mages qui n'ont pu avoir un avion que pour le 6 janvier et le bébé, car on ne peut pas savoir avant si ce sera un garçon ou une fille...

De nombreux vendeurs proposent des barbes à papa multicolores, des jouets en plastique, des ballons, des appareils à bulles ou toutes sortes de choses à manger sur le pouce, souvent à base de galettes de maïs, ou des boissons diverses également à base de maïs.

Et puis, période oblige, une demi-douzaine de pères Noël attendent, assis dans leurs traîneaux, que les enfants fassent la comédie pour être pris en photo sur leurs genoux. Nous, nous attendons que les enfants soient partis pour être pris en photo aussi. Discrètement. Et même là, on se fait repérer quand même !

Sur une autre place, un kiosque à musique sert le jour de tribune pour des discours enflammés en un espagnol aussi rapide que non sous-titré et le soir accueille des orchestres dont le niveau en musique classique est tout à fait correct.

La ville est vraiment intéressante, mais nous devrons bien la quitter un jour. Ce sera le 19 décembre. Nous prenons un bus pour Patzcuaro dans l'état voisin du Michoacan.

Patzcuaro

Cette ville, beaucoup plus petite que Guadalajara, ressemble beaucoup à Cuzco, au Pérou. Mêmes rues pavées qui montent et descendent sans arrêt, mêmes maisons espagnoles du 16ème siècle, même place centrale où il fait bon ne rien faire et même baisse brutale de la température dés que le soleil se couche. Nous ne sommes pourtant qu'à 2100 mètres, mais fin décembre....

Nous arpentons les rues de Patzcuaro, ville qui présente une grande cohérence de couleurs : jusqu'à un mètre cinquante les murs sont peints en marron, puis en blanc jusqu'au toit. Ce parti pris assure une homogénéité agréable à la cité.

Chaque porte ouverte est une occasion de découvrir de nouveaux patios et nous ne manquons pas de passer la tête ou d'entrer si c'est possible.

Un jour, nous croisons une mère et ses deux enfants déguisés l'un en berger et l'autre en ange. Nous lui en demandons la raison et il ne faut pas longtemps avant d'être admis à la fête de l'école où nous assistons au spectacle de fin d'année. Pendant trois heures, les enfants de chacun des différents niveaux scolaires de cette école religieuse, vont nous jouer la naissance de Jésus. Les plus drôles sont les tout petits déguisés en ange et qui lassés d'attendre leur tour vont pleurer dans les bras de leurs mamans. Les anges n'ont peut être pas de sexe, cela ne leur évite pas les gros chagrins !

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Un soir nous verrons la vierge Marie montée sur un âne et déambulant dans les rues de la ville entourée par des porteurs de flambeaux. Sans que la circulation ne soit arrêtée pour autant !

La ville, assez visitée, mais surtout par des mexicains, a son lot de boutiques d'artisanat dans lesquelles la représentation de la mort est très présente. Le Michoacan est l'état qui fête le plus les défunts dans la nuit du 1er novembre, nuit au cours de laquelle les cimetières sont envahis, par les vivants, dans une ambiance très festive.

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On retrouve dans les boutiques les têtes de mort et autres squelettes dans des mises en scènes de la vie, comme ces statuettes représentant un mariage de squelettes ! Loin d'être de mauvais goût c'est souvent drôle et artistique. Le diable est également très présent, comme à la fête de l'école d'ailleurs.

Tzintzuntzan

Le 23, nous prenons un collectivo pour Tzintzuntzan, un nom impossible à prononcer, qui signifie "lieu des colibris ". Il serait plus facile aux gens du coin de le dire en français !

Le village possède un monastère dont les deux églises sont magnifiquement décorées pour la "natividad". Dans l'une d'elle, une gigantesque toile peinte descend du toit en cachant l'autel. Toute la région de Bethléem est dessinée. Au centre, une ouverture dans la toile permet de voir la crèche qui bénéficie d'un éclairage latéral. Original et superbe.

Dehors, des paysans, d'origine indienne, ont tué un cochon et préparent le "Pozole", soupe bien consistante à base de maïs, de légumes d'herbes et de viande. Le contenu des 6 chaudrons qui mijotent, sera servi après la messe, c'est la coutume locale. Ensuite, les fidèles rentreront chez eux ... pour dîner. On s'explique mieux certains tours de taille.

Nous sommes invités à partager le pozole, mais, n'étant pas assurés de pouvoir rentrer à Patzcuaro à cette heure tardive, nous déclinons l'offre.

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Ile de Janitzio

Le 24, nous ne constatons pas une activité très fébrile dans les rues : pas de pères Noël, pas d'animation commerciale, pas de passants encombrés de paquets cadeaux... Les seuls endroits où il se passe quelque chose sont les églises. Dans la basilique, un mariage pas très gai et dans une autre église des premières communions.

Les gamins sont en costumes trois pièces et les filles en robes blanches très proches de robes de mariées. Elles sont toutes très jolies. A la fin de la cérémonie, le curé appelle les enfants (d'abord les gars !) pour leur remettre un document.

A la sortie, les parents, habillés sur leur 32, posent avec leurs enfants. Des vendeurs ambulants en profitent pour vendre des sucreries et des ballons pour les petites soeurs et les petits frères des communiants.

L'après midi, nous nous rendons au centre du lac tout proche, sur l'île indienne de Janitzio. Le bateau pour y aller est surchargé de touristes mexicains et d'indiens qui ont fait le plein de provisions. Arrivés sur l'île, c'est l'épouvante : ce petit mont St Michel est constitué d'une seule rue qui monte en spirale.

De chaque côté chaque centimètre carré est occupé par une boutique de souvenirs, par un restaurant ou par un stand de fritures. Il ne se passe pas une minute sans que l'on entende "propina..." (Pourboire) ou "da me moneda !"(Donne-moi une pièce). Des gamins qui jouent tranquillement, nous voyant arriver prennent un air geignard pour nous demander des dollars ! (Au Mexique nous sommes définitivement pris pour des américains).

Des indiens qui d'habitude n'aiment pas être pris en photo, se placent devant l'appareil et réclament de l'argent pour être photographiés. Il est même arrivé, qu'après avoir pris une photo de statuette sur un étalage, la marchande nous a demandé de l'argent pour la photo !

On voit là, encore une fois, la triste influence du tourisme... Ici, les fautifs sont les mexicains émigrés aux US qui reviennent au pays avec des dollars plein les poches. Les locaux le savent très bien et savent également très bien les faire culpabiliser...

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Il est par contre surprenant que Patzcuaro, pourtant située à quelques km, ne soit pas touchée. Pourtant, le quasi totalité des voitures ou 4 * 4 immatriculés aux US, que l'on croise dans la ville, sont conduites par des mexicains.

Heureusement, l'île ne se limite pas à cette rue. Devant l'église, hors du parcours touristique, des femmes et des hommes déjeunent tranquillement (et séparément !). Ils prennent une pause pendant la décoration de l'église qui, à quelques heures de Noël, est encore sens dessus dessous.

Juste à côté, devant la mairie, se tient une séance du conseil municipal au cours de laquelle sont élus les membres des commissions. Du moins, c'est ce que nous comprenons. Les noms des candidats sont écrits à la craie sur un tableau noir, les votes sont à main levée. Tout cela se passe dans la plus grande décontraction, entre hommes. Car pour cet exercice de démocratie directe, il n'y a pas une seule femme dans l'assemblée !

Le soir nous faisons un repas au-dessus de l'ordinaire en l'accompagnant d'une bouteille d'excellent vin rouge. Las, notre réveillon se termine à 22 heures quand le garçon nous invite à quitter le restaurant qui doit fermer. Nous tentons bien de terminer la soirée en nous rendant à une messe de minuit, pour l'ambiance, mais après avoir fait le tour du village, force est de constater que les églises sont toutes closes.

Nous rentrons donc dans notre chambre pour y faire un feu, car elle est pourvue d'une cheminée qui fonctionne à peu près correctement et dont la fumée qui refoule parfois dans la chambre a au moins l'avantage de nous endormir rapidement.

Le 25, nous faisons le tour des églises et constatons la présence du nouveau né. Et il semble bien que cette année encore, ce soit un garçon !

Angahan et le volcan Paricutin

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Le 26, nous nous levons aux aurores pour aller à Angahan rendre visite au volcan Paricutin. Celui-ci est sorti de terre le 20 février 1943 et par maladresse sans doute, a enseveli tout un village n'épargnant qu'une partie de l'église. Les croyants ont bien sur tout de suite crié au miracle ! Mais si l'on considère à la fois l'épaisseur des murs d'une église et sa hauteur aux maisons basses du village souvent en bois, le miracle est tout de suite moins miraculeux !

Il nous faut 2 heures 30 et deux bus "rustiques" pour arriver à Angahan. Là, nous avons la chance de tomber sur un groupe de gamines en costumes traditionnels et aux chapeaux couverts de fleurs, qui traversent le village en s'arrêtant de temps en temps pour chanter et danser. Nous demandons de quoi il s'agit, on nous répond à chaque fois "Pastorales". On s'en contente. Les habitants d'Angahan sont à 80% d'origine indienne dont les très beaux visages nous font penser à ceux des tibétains.

Le village enseveli se trouve à quelques kilomètres de là. Nous nous y rendons à pied sur un chemin particulièrement poussiéreux. Une fois arrivés et prises les classiques photos du clocher qui émerge de la lave, nous nous rendons compte que le Paricutin est encore à plusieurs kilomètres et qu'il nous sera impossible de l'atteindre aujourd'hui. On est déjà contents d'avoir à faire le chemin du retour sous un soleil de plomb et dans une poussière particulièrement pénible.

Le soir, après une bonne douche, nous dînons sur la place de Quiroga, l'autre place de Patzcuaro, où de grandes tables ont été installées sur des tréteaux sous les arcades. A chaque bout de table se tient mini cuisine de fortune. Le menu : poulet, crêpes de maïs aux légumes (enchiladas) et piments. Comme boisson, une sorte de soupe au lait et à la cannelle. Le tout pour 25 francs chacun. Un vrai régal très populaire.