Inde

Madras

28 janvier 2005, retour à l'aventure...

Nous reprenons nos sacs à dos, à peine vidés pendant notre séjour à Paris et nous les chargeons dans un avion à destination de Madras via Barhein.

Le vol est fade, à la limite de l'ennui. Seul petit intérêt, deux caméras placées sous l'avion et dont les images sont relayées sur les écrans personnels, nous permettent de voir l'arrivée des missiles sol-air. Comme beaucoup ont raté leur cible, nous pouvons au moins voir arriver la piste d'atterrissage en direct. On se console comme on peut.

L'aéroport de Barhein est pour le moins cosmopolite. Les belphégores, voilées des pieds à la tête côtoient les afghans, les chinois, les indiens et les français que l'on reconnaît à leur sac Duty Free plein de conneries qu'ils n'auraient jamais achetées si elles avaient été moins chères.

Nous attendons notre correspondance dans une salle réservée à l'avion de Madras et dont les textes sont en petites nouilles tordues. Nous nous rendons compte que notre espagnol, imparfait, nous a permis de nous débrouiller en Amérique latine. Ici, notre tamoul et notre hindi, d'un niveau assez bas, vont se révéler un problème dans la communication. Et encore, les indiens parlent anglais. On va bien rigoler avec les chinois !

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A Chennai (nouveau nom de Madras), nous faisons la queue pour le contrôle des visas. Dans le hall, un comptoir assure la gestion des taxis prépayés. Le principe est simple : en fonction de la destination, nous versons à ce comptoir une somme pré-determinée en échange de laquelle nous recevons un coupon que nous remettrons au chauffeur du taxi.

Le mérite de la chose est de ne pas se faire plumer par le taxi. Le point moins positif est que si les autorités de la ville ont jugé bon de mettre ce système en place c'est à cause de trop nombreux abus de la part des transporteurs envers les transportés. Nous voilà prévenus !

En sortant de l'aéroport, nous découvrons une foule incroyable et une chaleur moite, loin des quelques degrés que nous que nous avions laissés à Paris.

La conduite de notre taxi est incroyable : un ensemble de zigzags effectués entre les vélos, les motos, les voitures et les piétons qui peuvent surgir n'importe où. Les motos transportent jusqu'à quatre personnes, souvent une famille entière, dont le seul à porter un casque est le père ; les autobus sont bondés et sans vitres, beaucoup de bruit, de chaleur, de pollution : bonjour l'Inde !

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Pendant ce temps, au Chili, Manuel Contreras, chef de la police secrète sous Pinochet vient d'être arrêté avec dans ses valises 12 ans de prison à purger. Nous aurons du mal à nous éloigner de ce pays !

Après une nuit étouffante et un petit déjeuner reconstituant, nous commençons à nous promener dans la ville. A chaque coin de rues, des petits temples devant lesquels des gens prient pieds nus en empiétant largement sur le milieu de la route, occasionnant de nouvelles acrobaties pour les divers conducteurs. Beaucoup de bruits, des klaxons incessants, mais une atmosphère assez calme. Sur les terrasses des enfants et beaucoup d'adultes font voler un petit cerf-volant.

A la télévision, une majorité de films de type "Bolywood", c'est à dire des comédies musicales où des acteurs font semblant d'aimer des actrices en se dandinant par groupes de vingt (le groupe des mâles d'un côté et celui des femelles de l'autre) et chose intéressante, les publicités représentent des indiens et non pas les classiques américaines satisfaites de leur lessive ou heureuses de leurs shampoings aux oeufs.

Nous décidons donc de saluer cet effort en visitant, le lendemain les studios de cinéma de Madras... qui n'ont pas un intérêt majeur entre nous...

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Nous poursuivons au cours des jours qui suivent notre découverte de la ville et de l'Inde par la même occasion. Toujours une chaleur humide et ce bruit qui ne s'arrête pas.

La nourriture est souvent très bonne et très épicée. Dans les restaurants populaires, les gens mangent avec leur main sur une feuille de bananier. De la main droite uniquement, la main gauche étant réservée à la gestion des aliments digérés et, pour ne pas être tenté de l'utiliser, elle pendouille sous la table, l'épaule arrivant au niveau de la feuille de bananier. La posture est très distinguée. Comme tout est à base de riz, il suffit de faire une boulette, mélange de riz et de légumes et de la porter à la bouche. Ce n'est pas très raffiné, mais cela évite de la vaisselle !

Dans la rue, les gens sont couchés partout, mendiants ou lépreux au milieu des vaches qui vont et viennent désœuvrées et qui traversent les carrefours sans s'occuper des quelques feux de signalisation. Les voitures non plus d'ailleurs. La seule différence est que le rejet des voitures est moins solide que celui des vaches.

La pauvreté est omniprésente. A coté, le Pérou est bourgeois et la Bolivie c'est le club Med !

Les autoricshaws, sorte de triporteurs à humains, conduisent comme des sauvages en se faufilant partout et surtout sur la ligne d'en face ! La pollution rend la respiration difficile. Nous rêvons de Paris et de son air pur...

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Un soir, à la sortie d'un temple où à bien les observer, on se rend compte que les fidèles font n'importe quoi, une femme nous invite à assister à un spectacle de Baratha Natyam. Il s'agit du premier spectacle donné par une gamine de 18 ans qui a du mal à remplir la salle. Nous ne regrettons pas, elle danse magnifiquement bien. La dame qui nous a fait entrer est surprise que Line connaisse toutes les danses par leurs noms !

Et nous continuons nos promenades dans la ville où il n'y a pas grand chose à voir et surtout sur une superficie considérable (150 Km carrés et plus de 6 millions d'âmes, plus les vaches). Dans les rues, nous sommes étonnés par le nombre important de femmes musulmanes voilées.

Beaucoup de personnes sont pieds nus, y compris les vendeurs dans les magasins de chaussures ! En dehors du fait que ce ne soit pas très classieux, on comprend que les gens ne soient pas inspirés par l'achat des pompes avec un tel exemple !!

Et corollaire, de nombreuses personnes ont des blessures aux pieds entraînant parfois des infirmités graves. Vu la saleté des rues on comprend que de la moindre écorchure puisse découler un risque grave d'infection...

Nous découvrons également le poids de la paperasserie en Inde. Le simple achat d'une brosse à vêtements à 1,5 francs donne lieu à l'émission de trois papiers et de 5 coups de tampons par 4 personnes différentes...

Nous commençons à avoir des contacts avec les gens dans la rue et nous nous rendons compte que les réponses aux questions sont de type boliviennes : si ils ne connaissent pas la réponse, ils répondent m'importe quoi, ce qui s'avère bien pratique pour se localiser !