Cambodge

Phnom Penh

Nous arrivons à Phnom Penh sur un ciel très couvert. En dessous, nous survolons un plat pays très Jacquesbrelien, mais avec une chaleur moite. Le chauffeur de taxi qui nous demande 7 dollars pour le centre ville, n'a évidement le change que sur 8 ! Un classique qui fait toujours bien rire, surtout encombrés de nos sacs à dos avec lesquels il est difficile d'aller faire le la monnaie…

Côté paiement, nous redécouvrons l'intérêt d'avoir des dollars US sur soi. Tout est affiché dans cette monnaie. D'autant que le sport national consiste à proposer un prix en dollars, à se faire payer dans cette devise et à rendre la monnaie en Riels, la devise du Cambodge. Pas facile de faire les conversions, mais beaucoup plus simple pour se faire avoir !

Je suis obligé de programmer un convertisseur / rendeur de monnaie sur le Palm. Rapidement et aidé du précieux outil, les choses rentrent dans l'ordre !

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Le soir, apéro sur le bord du fleuve Tonlé Sap qui se jette dans le Mékong. L'atmosphère est très coloniale : larges fauteuils en rotin, tables basses, les occidentaux assis regardent passer les cambodgiens à deux, trois, ou quatre sur une moto.

Nous sommes près du palais royal, endroit très touristique, mais sans aucune commune mesure avec Bangkok.

A la tombée de la nuit, une grande partie des innombrables motos qui sillonnent la ville, vient se poser sur les bords du fleuve. Leurs propriétaires restent assis sur leurs sièges à regarder le soleil s'éteindre. Ils attendent également qu'arrivent les "mini restaurants" portatifs. Deux paniers disposés à chaque extrémité d'un bambou posé sur l'épaule de la restauratrice. D'un côté, la nourriture, de l'autre, les outils de cuisson et le "restaurant".

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Ce dernier est composé d'un tapis qui sera posé sur le sol du trottoir, de quelques assiettes et de verres. Sans oublier un seau en plastique qui une fois rempli d'eau du fleuve servira pour la plonge.

Ces petits restos se multiplient rapidement et sont tout aussi vite remplis ! Nos pas et notre guide papier nous conduisent dans les jours qui suivent au marché central. Marché couvert, datant de la présence française dont l'architecture est très audacieuse : l'arche de béton qui compose son immense toit est d'une seule pièce....

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A l'intérieur on trouve tout aussi bien de la viande que des légumes, ce qui n'a rien de bien original pour un marché, mais on y voit aussi toutes sortes de contrefaçons. Des montres, des consoles de jeux, des logiciels et aussi des guides Lonely Planet photocopiés !

Dans les rues nous croisons souvent des mutilés victimes des mines anti-personnels. Des dizaines de milliers de ces mines sont encore enfouies dans le sol cambodgien et font chaque mois entre 40 et 50 nouvelles victimes adultes et enfants.

L'image de cette gamine d'une dizaine d'années vivant sa vie d'enfant sur ses deux prothèses est révoltante. Elle nous conforte néanmoins à continuer à donner un peu d'argent à Handicap International tous les ans.

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Bien sur, les endroits les plus touristiques voient augmenter le nombre de ces mutilés... Un soir, nous découvrons une fête foraine dont les manèges, tous en métal sont vieillots, décolorés et cabossés à souhait !

Mais pour réconforter les valeureux utilisateurs de ces antiquités, des restaurants sont installés tout autour. Leur particularité réside dans leur mobilier : les tables sont basses, très basses, pas plus de 15cm de haut et les sièges sont des hamacs ! Tout le monde se balance en mangeant : la meilleur méthode pour vomir !

Dans les rues, la présence française se fait toujours sentir. Nombreuses sont les boutiques ou les hôtels ayant encore un nom français. Mais le message le plus noble, celui qui parle du goût de la France en empruntant le nom de notre meilleur ambassadeur, est celui qui vante les cigarettes "Alain Delon". Il est dommage que le message informatif sur la nocivité du tabac n'ait pas été importé... ou alors quelque chose comme : "Fumer Alain Delon rend con" ?

Au cours la journée du 05 août nous continuons notre découverte de la ville sous un soleil de plomb. Nous nous rendons au Vat Phom, un temple sur les hauteurs de la ville, c'est à dire à 20 mètres d'altitude maximum, la ville étant très plate. Le Vat est classique, coloré à souhait. Tout autour des stupas et au-dessus des dizaines de singes.

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Comme l'endroit est un peu touristique, il possède son lot de mendiants mutilés par les mines ainsi q'un vieil éléphant chargé de faire le tour de la colline avec deux touristes sur le dos.

Autour du temple nous découvrons pour la première fois les cages contenant des moineaux locaux destinés à servir d'offrandes à un dieu quelconque. Le but n'est pas de les immoler, comme au Népal, mais de payer pour les laisser s'envoler.

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Commercialement, c'est très fin :

- Le fidèle donne l'argent au vendeur, choisit l'oiseau et le sort de sa cage,

- L'oiseau remercie, promet de porter au dieu les prières du fidèle et s'envole,

- Le fidèle rassuré va boire un Coca Cola ou un Pepsi, selon ses convictions personnelles,

- L'oiseau, qui s'était caché derrière un arbre, revient vers le vendeur avec lequel il est en cheville,

- Le vendeur lui verse une commission sous forme de graines et le replace dans la cage...

Ce processus continue jusqu'à ce que les oiseaux trop utilisés soient revendus à un autre temple afin de ne pas risquer d'être reconnus par des fidèles perspicaces.

Et la police, comme d'habitude, ferme les yeux. Ou alors, les vendeurs donneraient-ils aussi des graines aux poulets ?

Le 7 août nous visitons le palais royal (résidence de Norodom Sihanouk...). Très kitch, payant, 2$ pour les humains et 4$ pour les appareils photo et surtout peu palpitant !

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Dans le seul endroit à peu près photographiable, la salle du trône, il est justement interdit de photographier ! Par contre, il faut enlever ses chaussures et les femmes doivent avoir les épaules couvertes ! Un signe de respect forcé envers un souverain loin d'être respectable...

Tuol Sleng

L'après-midi, nous nous rendons au musée Tuol Sleng, que les cambodgiens connaissent mieux sous le nom de "S21". Cet ancien lycée, fut transformé en centre d'interrogatoire et de détention à partir d'avril 1975 et pendant les 3 ans, 8 mois et 21 jours que va durer le régime de Pol Pot. (Voir résumé plus loin...).

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Les cellules étroites succèdent aux salles d'interrogatoire dans lesquelles subsistent les pauvres outils de torture, mis au service d'une imagination humaine si perverse...

Mais le plus dur, ce sont les regards des milliers de victimes prises en photo à leur entrée au S21. Comme les nazis, les tortionnaires de Pol Pot avaient la manie de l'archivage. Chaque détenu est photographié, numéroté et classé. Les anciennes salles de classe du rez de chaussée du bâtiment central exposent ces milliers de visages. A leurs cous, une ardoise sur laquelle est indiquée à la craie la date de la photo : 1975, 76, 77...1978.

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Nous, en 1978, nous attendions avec impatience la naissance de Boris. Derrière tout ces visages immobilisés, l'attente de la mort. Et en ce moment, qui se fait prendre en photo et dans quelle prison ?

Au premier étage, les photos et témoignages d'anciens Khmers rouges. Il faut savoir que pour consolider la paix et la concorde et pour éviter les éclaboussures, le gouvernement cambodgien a "pardonné" aux Khmers rouge et a intégré leurs combattants dans l'armée cambodgienne. Les témoignages montrent également les photos des anciens khmers à l'époque et aujourd'hui.

Ces gens que nous croisons dans la rue, ont nos âges. Même situation qu'au Chili lorsque, croisant des personnes d'une cinquantaine d'année, nous nous posions la question de savoir dans quel camp ils étaient...

Même si ce n'est pas aussi simple que cela, c'est tout de même très troublant...

La vie à Phnom Penh

La nuit, de la fenêtre de notre chambre, nous observons les cyclopousses rangés sur le bord du fleuve et qui se transforment en maison pour leurs chauffeurs. Ceux-ci, qui ne sont pas originaires de Phnom Pehn pour la plupart, n'y ont pas de logement.

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Après avoir pris un repas à même le sol du trottoir, ils s'endorment dans leur outil de travail, qu'ils louent à la journée, assis sur le siège du passager, les pieds posés sur le guidon. Certains, avant de dormir, auront sommairement lavé leurs vêtements qu'ils feront sécher sur un fil reliant un poteau indicateur quelconque à leur cyclopousse.

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Si nous sommes debout à l'aube, nous nous rendons compte qu'ils sont déjà partis pour arpenter les rues de la ville à la recherche de clients...

Très peu de rues ont un nom à Phnom Phen, la plupart sont désignées par un numéro. Gros avantage, quand on est dans la rue 146 et que l'on cherche la No 148, on sait que l'on est pas très loin ! Sauf si l'on va dans le mauvais sens, bien sûr. Mais par contre, une avenue "Jean-Pierre Foucaud", ou un boulevard "Nicolas Sarkozy", ça a quand même plus de gueule !

Quand on lève la tête, au risque de tomber dans une bouche d'égout souvent dépourvue de plaque protectrice, on peut voir un deuxième mouvement de circulation : les singes empruntent volontiers les fils électriques pour se déplacer ou traverser les rues. Il faut croire que ceux-ci sont bien isolés (les fils, pas les singes !), car aucun de ces animaux n'est tombé du ciel tout rôti devant nous !

Autre rencontre curieuse : les éléphants qui rentrent du travail ! On peut en croiser parmi les motos et les quelques voitures, portant sur le dos leur cornac. Ces éléphants sont chargés de promener les touristes la journée et rentrent chez eux après le boulot. Rien que de très naturel !

Pour ceux qui utilisent la moto plutôt que l'éléphant, on peut voir le long des rues des bouteilles de coca ou de black label contenant de l'essence. En cas de besoin, la moto s'arrête devant la table à essence et un simple entonnoir en plastique suffit pour faire le plein !

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C'est beaucoup moins rapide que sur les circuits de F1, mais c'est plus drôle ! Ensuite, les motos reprennent leurs courses. Comme sur un circuit, ils utilisent la totalité de la chaussée afin de doubler. Seule différence, le circuit est à double sens, ce qui ne semble choquer personne !

Les point les plus délicats sont les virages qui sont systématiquement coupés. Comme il y a de temps en temps un concurrent qui arrive en face, celui qui tourne roule quelques dizaines de mètres à contre sens avant de se replacer dans sa file.