Bolivie

Premiers pas en Bolivie

Côté Pérou, nous descendons du bus pour faire les dernières centaines de mètres à pied. La route est bordée par des vendeurs de nourriture et de boissons et par un grand nombre de changeurs à la sauvette dont les taux de change entre le sole péruvien et les bolivianos boliviens frisent le vol qualifié…

Premier bureau péruvien où nous laissons notre coupon d'entrée dans le pays en échange d'un tampon de sortie aussi illisible que celui d'entrée. Il nous faut encore faire 300 mètres dans la zone franche pour arriver au bureau bolivien où un fonctionnaire à l'œil vif nous tamponne notre passeport et nous accorde une durée de 30 jours dans le pays.

Comme pour l'entrée au Pérou, je lui demande de pousser à 90 jours. Il me demande de payer une taxe de 50 bolivianos (40 francs) par personne pour rester 90 jours. Sachant qu'il est possible de proroger ces durées dans les services d'immigration des grandes villes, nous refusons.

Il est surprenant d'être obligé de payer pour rester plus longtemps dans un pays alors que la prolongation du séjour va amener plus de devises ! C'est là une prime aux séjours courts, ce qui va à l'encontre de la logique...

Copacabana

Nous remontons dans le car pour les derniers kilomètres avant Copacabana que nous atteignons avant midi.

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Nous sortons nos lourds sacs à dos de la soute, nous les mettons sur nos épaules et nos sacs plus légers devant et nous commençons la descente de la ville vers les bords du lac.

Nous ne faisons pas 300 mètres qu'une femme vient me prévenir que mon sac à dos est plein de moutarde. C'est vraiment gentil de sa part !

Si ce n'est que la manœuvre est parfaitement connue : une première personne projette discrètement un produit sur les sacs à dos (crème à raser, moutarde…), une deuxième, complice, informe la victime qui par réflexe enlève son sac pour commencer à le nettoyer, une troisième personne se fait alors un plaisir de le saisir et de s'en aller avec !

En dehors du fait que nous avons été mis en garde sur la présence de voleurs à Copacabana, surtout en période de fête de la vierge, comme c'est le cas le lendemain et que la manœuvre est assez connue, j'avais entendu siffler à notre passage et je m'étais retourné pour voir trois personnes ensemble, dont la femme prévenante. Lorsque la femme m'a signalé la moutarde, je me suis retourné pour repérer les deux autres. Je les ai alors montré du doigt de manière insistante à Line. Se voyant repérés, ils ont quitté les lieux. Pour revenir un peu plus tard et faire le même coup à d'autres touristes…

Le temps de trouver une chambre, nous avons encore été mis en garde par plusieurs personnes. Même chose en arrivant à l'hôtel. Bonne ambiance !

Un peu énervés et après avoir nettoyé les sacs, nous partons déjeuner, plutôt bien et entamons une visite de la ville. On nous conseille encore de porter nos sacs devant à plusieurs reprises. Nous cherchons un distributeur de billet, il y en a un, mais il ne fonctionne pas à cause d'une panne de courant dans la ville.

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Nous décidons néanmoins de prendre un bateau pour aller sur l'île de la lune. Mais la durée de la traversée étant de quatre heures aller/retour, nous ne restons qu'une petite heure sur place. Et c'est bien dommage car l'île est très semblable à celle de Taquille et nous regrettons de ne pas rester plus longtemps…

En rentrant, nous commençons à visiter la ville. Il y a énormément de monde à cause de la fête du lendemain dont le point d'orgue sera un pèlerinage sur la colline et du dépôt de fleurs et d'offrande à la vierge de Copacabana, idole religieuse locale, peu connue en nos contrées. L'église est immense et assez laide. A l'intérieur, l'autel et le retable sont énormes et semblent dire "pauvres pêcheurs, vous êtes des petites merdes" à une multitude de fidèles occupés à faire la queue pour déposer une offrande, ou simplement toucher les pieds de la vierge ! En sortant, il commence à faire nuit et nous rentrons rapidement à l'hôtel pour éviter d'être une cible trop facile pour les voleurs. Ils doivent se frotter les mains dans une ville sans aucune lumière !

Baptêmes

Dès le lendemain, nous assistons à la spécialité locale : le baptême des voitures et des autobus. Des dizaines de voitures et de bus sont alignés sur l'esplanade devant le lac.

Un faux curé (bien que les vrais soient bien capables de ce genre de conneries aussi) fait tout un tas de gestes pseudo religieux devant la voiture, ou le bus, transformés en sapin de noël avec des guirlandes partout, décorés par un tas de petits objets en plastique et copieusement arrosés de confettis. Histoire de mieux fixer les confettis, le faux curé asperge l'extérieur d'eau bénite et fait la même chose sur le moteur. D'autres utilisent de l'encens, question de goût… Le possesseur du véhicule et sa famille sont légèrement en retrait et assistent très respectueusement à la chose.

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Une fois le faux curé payé (et c'est la qu'on peut se poser la question de savoir si c'est vraiment un faux…), des musiciens arrivent, pour donner un aspect festif à la célébration, un photographe vient fixer l'événement et toute la troupe repart vers une autre voiture où les attendent le propriétaire et sa famille.

La cérémonie officielle terminée, la famille se descend quelques bouteilles de bière, histoire de mourir sur la route en état d'ébriété, mais avec une voiture en état de grâce.

Tout cela est extrêmement coloré et se passe devant une plage sur laquelle les futurs pèlerins du jours (procession de la colline) font leurs ablutions et se lavent afin de transpirer en étant propres. Ce me semble plus pratique de se laver après, mais ils font bien comme ils veulent.

La plage est pleine de détritus laissés par les pèlerins qui ont dormi dans des tentes, ou plus souvent dans les soutes à bagages des autobus qui allaient se faire baptiser. Nous y voyons manger des gamins, allongés entre les bagages, une assiette de soupe devant eux dans laquelle ils trempent leur cuiller en métal.

Plus loin, des cuisines de fortune sont aménagées à même la plage et des femmes, assises sur les parpaings d'un chantier voisin, épluchent des légumes pendant que la marmite en inox fait tout son possible pour tenir en équilibre sur un réchaud bancal.

En face, des restaurants "officiels", séparés les uns des autres par des bâches en plastique bleu offrent la trucha (truite) du lac ou des chicharron, sortes de morceaux de lard, mais sans la viande. Comme tout est cuit dans de l'huile et qu'elle n'est pas toujours à sa première cuisson, il se dégage une épaisse fumée qui ne gène pas les clients qui dévorent leurs plats en les accompagnant de Fanta orange ou de Cola.

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Tout ce mélange fascinant, de couleurs, d'odeurs et en bruits nous rappelle que nous sommes bien en Amérique latine.

La Paz

Nouveau trajet en bus le lendemain matin. Cette fois-ci, destination La Paz, siège du gouvernement bolivien, mais pas capitale du pays, c'est Sucre qui s'y colle !

Après quelques kilomètres, nous arrivons à un bras de lac fort dépourvu de pont. Nous descendons donc de notre bus pour monter dans un bateau pendant que le car est chargé sur un bac. Avant de monter dans le bateau, nous sommes délestés de quelques pièces de monnaie par un fonctionnaire qui nous demande nos passeports pour passer de Bolivie, en Bolivie…

Le trajet se passe ensuite sans problème et nous arrivons en fin de soirée à La Paz.

Nous y plongeons plutôt, tant la ville est surprenante : en haut, à 4200 mètres est le début de la ville, puis dans une cuvette, la ville elle-même qui se termine à 3100 mètres d'altitude, soit un dénivelé de 1100 mètres ! Ici, les pauvres sont en haut et les riches en bas.

D'abord, il y a plus de place en haut et c'est bien car il y a beaucoup de pauvres et surtout, il fait beaucoup plus froid en haut, sur l'altiplano, qu'en bas dans la ville. On imagine le boulot de la personne chargée de donner la météo qui sera différente en fonction de la position de la rue…

Nous trouvons un hôtel à quelques centaines de mètres de l'arrêt du bus. Hôtel complètement délirant en terme de décoration : les murs sont partout couverts de trompe l'œil.

Nous sommes à 3500 mètres, soit à peu près au milieu de la ville et nous la contemplons de notre fenêtre. En face de nous, la colline semble de nuit, n'être qu'une seule maison qui monte très haut vers El Alto, quartier pauvre de La Paz.

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Le lendemain, nous visitons cet entonnoir géant. Un bruit incroyable, dû en grande partie à la circulation automobile, mais pas trop de pollution, grâce au gigantesque courant d'air induit par la forme de la ville. Les quartiers les plus intéressants sont vers le bas, mais avec somme toutes assez peu de choses à voir : un quartier rénové, quelques maisons coloniales, une cathédrale énorme sur une place gigantesque qui contient tout à la fois un marché et une sortie de tunnel d'autoroute (!) et quelques rues commerçantes, mais sans plus.

Les efforts pour marcher dans la ville sont par contre impressionnants tant il faut monter et descendre sans arrêt…

Nous sommes le 6 août, jour de la "fiesta patria" en Bolivie, mais celle-ci ne se fait pas très présente, sinon par le classique discours du président Carlos Mesa, diffusé à la radio dans les restos ou les boutiques devant lesquels nous passons.

Peu de choses à voir et une ambiance un peu bordélique. Les cybercafés ont tous des machines très lentes tournant sous Windows 95 et un Internet ramant à 512 Kb. Dans la rue, des vendeurs de minutes téléphoniques ont à la main un GSM relié à une chaîne bracelet. Les gens qui veulent téléphoner peuvent donc le faire sans pouvoir voler le GSM. Par contre, la chaîne étant très courte, la confidentialité de la conversation est toute relative !

Tiwanaku

Le lendemain, nous reprenons un bus pour aller visiter le site de Tiwanaku, à quelques dizaines de Km de La Paz. Dans le bus, les passagers sont obligés de remplir une fiche avec leur nom, nationalité et numéro de passeport. Cette fiche est remise aux policiers de l'un des péages qui entourent la ville. Nous arrivons sur le site où l'on nous demande encore de remplir le même type de fiche. C'est le côté fonctionnaire des boliviens…

Comme le site de Tiwanaku aurait inspire Hergé pour son "Temple du soleil", nous nous déclarons comme "Tintin, reporter" et "Haddock, capitaine", Line n'ayant pas voulu être la Castafiore.

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Le site est joli et inca, comme il se doit de l'Equateur jusqu'au milieu du Chili. Le musée est magnifique, tant pour les objets et leur mise en perspective dans le temps, que pour l'espace qui leur est réservé. On y retrouve effectivement beaucoup des motifs utilisés par Hergé. A l'extérieur, un temple semi enfoui est entouré par un muret dont les pierres assez petites sont néanmoins jointes impeccablement. A mi hauteur, dépassent des blocs taillés en forme de têtes humaines. Sur une place trônent deux magnifiques statues. Petit hic, elles sont entourées jusqu'à la ceinture de barbelés, ce qui rend impossible des photos dignes de ce nom.

On trouve en Bolivie des barbelés un peu partout et par exemple pour protéger les bouteilles en plastique jetées dans les espaces verts.

En redescendant sur la Paz, nous voyons mieux la topographie étonnante de la ville : un chaudron entouré de hautes montagnes, sur le bord desquelles, sont accrochées les maisons dans tous les sens. Il ne reste pratiquement aucun espace libre, c'est vraiment impressionnant !

L'inclinaison des rues de la ville rend ridicules celles de San Francisco.

Là dedans, la circulation est complètement folle. Il est difficile de traverser une rue, les chauffeurs s'arrêtant encore moins qu'à Paris pour laisser passer les piétons. Nous trouvons une astuce : dés qu'un taxi arrive et il y en a beaucoup, nous levons la main, comme pour le prendre. Il s'arrête aussitôt et nous pouvons alors traverser la rue !

Les taxis et les bus, quand ils vous prennent en haut de la ville, descendent le moteur coupé pour éviter de dépenser trop d'essence. Question frein moteur, c'est un peu léger et on espère, vu l'inclinaison des rues, que les tambours de freins sont en bon état !

Nous passons une nouvelle nuit dans cette ville et prenons, le lendemain, un avion pour le nord, pour Rurrenabaque.