Argentine

El Calafate

Argentina, pays de Mafalda, d'Evita, de Videla, de Maradona et de Guevara…

Nous entrons en Argentine par El Calafate, ville de Patagonie, après cinq nouvelles heures de bus. La ville n'a ni charme, ni intérêt, sauf celui d'être à la lisière du parc national des glaciers. Le ton est donné ; nous allons voir de la glace !

El Calafate est l'archétype du tourisme argentin : construite prés de sites généralement déclarés au patrimoine de l'humanité, la ville est composée uniquement d'hôtels et de restaurants, chers de préférence et de services de transport privés qui conduisent les dollars sur pieds vers les sites. Nous l'avions déjà entrevu avec Ushuaïa, nous le retrouverons souvent ici.

La ville, donc, n'est qu'une rue alternant les agences qui proposent l'aventure, la vraie, sur les glaciers, les restaurants, les boutiques à souvenirs et les hôtels. Le guide du routard, s'emmêle complètement les stylos sur les prix en confondant le dollar US et le peso argentin. Il ne nous est donc d'aucun secours dans cette ville mangeuse d'argent. Après avoir tourné avec nos sacs sur le dos, nous trouvons presque par hasard un hôtel assez correct et peu onéreux en plein milieu de la ville.

La rue est pleine de français du quatrième âge en vadrouille argentine (nous, on est du troisième âge, alors on tient à segmenter !). Ils font des va-et-vient entre les différents vendeurs de pingouins en plastique. De notre côté, nous cherchons le moyen de nous approcher au plus prés des glaciers, but de notre visite ici. Toutes les agences proposent en fait le tour en bateau d'une journée qui est l'exclusivité d'une seule compagnie. Nous n'avons donc pas trop le choix et engloutissons nos 800 francs pour voir de l'eau gelée.

Premiers glaciers

Le jour suivant, nous nous retrouvons sur un bateau contenant 250 personnes, une intimité rassurante pour nous qui sommes habitués à nous promener à deux depuis plus de 4 mois ! La compagnie devant se faire des glaçons en or, car elle affrète deux bateaux de 250 places en même temps !

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Malgré le prix demandé, le bateau doit faire demi-tour assez rapidement suite à une avarie. Nous en changeons donc pour un bateau plus petit, le surplus des passagers venant surcharger le deuxième navire.

Mais la balade est somptueuse. Nous nous approchons très prés des glaciers sur les trois sites que nous visitons. Les bleus de la glace, tout comme à Ushuaia sont magnifiques et nuancés. Nous assistons à des chutes de morceaux de glace dans l'eau (futurs icebergs). Le spectacle est splendide et malgré le nombre de personnes sur le bateau, nous sommes relativement tranquilles sur le pont, peu de gens se risquant à l'extérieur par ce froid !

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Vers le milieu de la journée, nous avons droit de mettre pied à terre pour déjeuner. Ayant prévu le coup, nous nous éloignons du restaurant qui par hasard était là, pour déballer nos sandwiches et nos fruits dans un coin tranquille de l'île. Nous passons un moment de grande tranquillité jusqu'à ce que les autres passagers viennent nous rejoindre et nous polluer la vue…

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Le soir, nous prenons à la fois nos billets d'avion pour la péninsule de Valdez et nos billets de bus pour le Périto Moreno glacier mythique du coin.

Le Perito Moreno

Nous embarquons donc dans un minibus lesté d'une guide incluse dans le prix du billet afin de justifier son tarif plutôt élevé. Il n'y a pas de bus pour se rendre à cet endroit, encore une fois, exclusivité sur un site classé au patrimoine de l'humanité !

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Pendant le voyage et afin de justifier sa présence, elle se croit obligée de nous montrer les arbres et les lacs qui bordent la route et de nous signaler les oiseaux qui nous survolent. Sur le glacier, nous avons quartier libre pendant trois heures.

Le Périto Moreno est un spectacle grandiose qui vaudrait bien plus que trois heures, mais on fait avec. Le glacier, qui tombe dans un lac, fait à peu prés 5 kilomètres de façade et 80 mètres de hauteur. Le ponton, construit juste en face pour l'admirer, est à 200 mètres, c'est-à-dire dessus. Les couleurs, du blanc au bleu foncé sont sublimes, mais c'est le son qui est fantastique : le glacier qui avance plus vite au centre que sur les bords émet des grondements et des craquements à chaque déformation. De temps à autres on croit même entendre le bruit du tonnerre !

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Sans que rien ne l'annonce, des morceaux énormes de plusieurs tonnes tombent dans l'eau dans un fracas incroyable et provoquent de petits raz de marée dans le lac. Nous restons scotchés pendant ces trois heures à essayer de deviner d'où va venir la prochaine chute et à essayer de situer d'où viennent les bruits…. Cerise sur le gâteau, mais nous n'y avons pas eu droit, le glacier en s'avançant presque au pied du ponton fait barrage aux eaux d'une branche du lac. Environ tous les quatre ans, le barrage explose et libère les eaux prisonnières.

Fascinés par la puissance de cette nature qui a l'air si paisible, nous rentrons à El Calafate heureux mais contents. Nous y rencontrons trois français de Nantes et Marseille que nous avions déjà croisés à Ushuaïa où nous avions exploré le parc de la terre de feu en leur compagnie. Nous passons la soirée ensemble au resto. Sympa.

El Chalten

Le lendemain matin, nous prenons le bus pour cinq heures de pistes en direction d'El Chalten, "capitale argentine du trekking", au pied du mont Fitz Roy un bloc de granit aux parois si verticales qu'il a fallu un français, Lionel Terray, pour en venir à bout. Le travail ayant été fait, nous nous contenterons des sentiers aux pieds de la forteresse !

La route est monotone et tape-cul. Dans la cabine, le chauffeur et son aide passent leur temps en buvant du maté de hierba, décoction amère d'herbes bues dans un petit gobelet en bois, à travers une pipette en métal. Chacun ses distractions ! En tout cas, c'est un classique en Argentine, nous retrouverons ces gobelets un peu partout.

Pendant que nous sommes dans le bus et en l'absence d'autre activité, il est intéressant de jeter un mot sur la prononciation de l'espagnol par les argentins. Même si les mots sont, à priori de l'espagnol, à l'arrivée, on se pose des questions : les deux " ll ", qui se prononcent "lieu" en Espagne deviennent ici "cheu", les "y" se disent "jeu". Un exemple amusant : " La calle se llama calle de Mayo " (la calié se liama calié dé maillot) devient " la cacheu se chama cacheu de majo ". Pas pratique quand votre hôtel se trouve dans cette rue ! Pendant un certain temps on a du traduire d'argentin en espagnol et ensuite d'espagnol en français. Tout cela ne favorisant pas les conversations à bâtons rompus !

En plein milieu du trajet, car nous sommes revenus dans le bus, nous stoppons dans un endroit complètement improbable, au milieu du nulle part de la Patagonie : un petit Bagdad Café où nous prenons un chocolat chaud et une part de tarte maison délicieuse. Sur l'un des murs, un clou que doit entourer un anneau suspendu au plafond par une ficelle. Chacun s'essaye sans trop de succès à ce jeu de gaucho. Line, qui réussit à sa troisième tentative a le droit de laisser son nom sur le registre des heureux vainqueurs.

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Nous arrivons à El Chalten, ville sans architecture précise, coupée en deux par des champs en pleins vents. Le site est sublime, entouré par de hautes montagnes et survolé par des condors. Nous nous mettons en jambe avec une petite promenade de 4 heures sous la neige et un vent glacial. Le lendemain, nous attaquons un aller-retour de 20 kilomètres assez facile vers une laguna et traversant des paysages admirables. Nous déjeunons sur un énorme rocher qui domine le lac émeraude. Au fond, un glacier se laisse tomber dans le lac en prenant des poses lascives. Quelques nuages, négligemment posés sur les sommets les laissent apparaître de temps en temps…

Dimanche 31 octobre, nous prenons la direction de la Laguna de los très (22 Km A/R). La première partie est "grimpante", mais faisable. Ensuite, nous traversons une zone de marécages et de paysages superbes dans lesquels nous sommes seuls, la troisième partie commence au camp de base pour le Fitz Roy, mais mauvaise indication ou faute d'attention de notre part, nous nous trompons de chemin et nous perdons.

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La neige commençant à tomber dru, nous nous posons sous un rocher pour manger nos sandwiches et faire un petit bonhomme de neige. Le moment est complètement magique, nous sommes vraiment loin de tout. Il n'y a aucun bruit, si ce n'est à un moment le vent dans les ailes d'un condor qui passe à moins de 10 mètres de nous !

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La péninsule de Valdez

Nous reprenons le chemin d'El Calafate le lendemain matin et l'avion pour la péninsule de Valdez en fin de soirée. A l'aéroport la météo nous donne 3 degrés à Ushuaïa, 5 à Calafate et 15 degrés sur la péninsule !

De Trelew, ville d'origine galloise (!), nous voulons rendre visite à une colonie de pingouins. Mais, outre le fait qu'il n'existe pas de compagnie de bus autre que privée pour s'y rendre, on doit se taper 4 heures de bus A/R pour 1 heure avec les bestioles. Ce système permet deux rotations de dollars sur pattes dans la journée. Nous nous passons des pingouins… Nous prenons un bus pour Puerto Madrey, ville la plus proche de la péninsule et des nombreuses bestioles marines qui y vivent. Nous louons une voiture pour le lendemain, 4 novembre. En dehors de la location, très chère, nous avions le choix de prendre un bus avec un tour operator. Là encore, pas d'autre moyen pour se rendre sur place.

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Mais, nous ne regrettons pas notre voyage. Mis à part les kilomètres de piste pour s'y rendre, la péninsule est fantastique ! Nous avons pu y voir des baleines qui sautent hors de l'eau ! Des ballets de dauphins précédant notre bateau, une baleine et son baleineau, de nombreux lions de mer, des éléphants de mer, des pingouins.

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Sur une plage où nous étions seuls, car les nombreux cars de touristes qui font également le tour ne laissent que quelques minutes aux passagers pour jeter un oeil, nous avons pu observer une colonie de lions et d'éléphants de mer. Ces animaux, de plusieurs centaines de kg, passent leur temps à se gueuler dessus et à se mordre ! Il faut dire qu'il y a 1 mâle pour 40 femelles… Pour se déplacer, ils rebondissent sur leurs ventres pendant 5 ou 6 mètres et épuisés par l'effort (essayez, vous verrez !), restent 10 minutes à se reposer avant de repartir… Une autre occupation est de se gratter avec leurs nageoires latérales, ou de se projeter du sable sur le dos.

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Nous rentrons le soir à notre hôtel. Aux informations, nous apprenons qu'au Chili, les élections ont été gagnées par la gauche de Ricardo Lagos, Joachim Lavin et son extrême droite sont au tapis. Tu vois, Anna, que tu avais tort d'avoir peur sur ce coup là !

Dans le même temps, l'armée chilienne reconnaît, pour la première fois, les atteintes aux droits de l'homme pendant la période noire de la dictature.